• On attend le 21 novembre pour la proclamation de la liste définitive des candidats
• Les 363 candidats dont les dossiers ont été déclarés irrecevables peuvent recourir à la justice administrative
• Les chiffres révélés par Farouk Bouasker montrent que 10 circonscriptions électorales connaissent déjà leurs futurs députés
En attendant le 21 novembre 2022, date à laquelle l’Instance supérieure indépendante des élections (Isie) doit afficher la liste définitive des candidats postulant à la députation après expiration des délais de recours qui seront introduits auprès des tribunaux administratifs à travers le pays par les 363 candidats dont les dossiers ont été déclarés irrecevables par l’Isie, ils sont, selon les chiffres fournis, vendredi 4 novembre, par Farouk Bouasker, président de l’Isie, 1.058 candidats (936 hommes et 122 femmes) à se présenter le 17 décembre prochain en vue de postuler à 154 sièges sur 161 au futur parlement.
Mais pourquoi 154 sièges seulement seront en compétition alors que la prochaine Assemblée des représentants du peuple (ARP) devrait compter, selon le décret électoral présidentiel en date du 15 septembre dernier, 161 députés ? La réponse est toute simple : 7 circonscriptions électorales basées à l’étranger (sur 11 circonscriptions réservées aux Tunisiens à l’étranger) n’ont enregistré aucune candidature.
Donc, l’Isie sera obligée d’organiser, dans les délais prescrits dans son calendrier électoral déjà publié au Journal officiel de la République tunisienne (Jort), un nouveau round d’élections législatives pour combler les vacances qui seront constatées sur le nombre officiel des députés.
Plus encore, les chiffres livrés par le président de l’Isie montrent que 10 circonscriptions électorales ont enregistré une candidature pour chacune d’elles, ce qui revient à dire que les Tunisiens qui appartiennent aux circonscriptions en question connaissent déjà, avant que les élections ne démarrent, leurs futurs députés qui représenteront leurs régions, mais à condition que personne ne soumette, auprès de la justice administrative, un recours contre leurs candidatures et que justice lui soit rendue, c’est-à-dire que si l’un ou plus de ces 10 candidats uniques n’est débouté bien qu’ayant eu l’aval de l’Isie dans la mesure où le dernier mot revient toujours à la justice administrative.
Et si les parrainages étaient annulés ou allégés ?
Et au-delà du taux des femmes et des hommes dont les candidatures ont été déclarées recevables par l’Isie, au-delà aussi des catégories socioprofessionnelles auxquelles les candidats appartiennent (avec une mention spéciale pour le secteur de l’éducation qui enregistre 230 candidats, soit 21,7% du nombre total) ou au-delà de la répartition, par tranche d’âge, des candidats où l’on observe qu’ils sont, à titre d’exemple, 75,8% à être âgés entre 36 et 60 ans, alors que seulement 14% sont âgés entre 23 et 35 ans, la question qui s’est imposée, hier, et à laquelle l’Isie est dans l’obligation de répondre dans les plus brefs délais, est la suivante : comment Farouk Bouasker et ses collaborateurs vont procéder pour permettre à ceux qui n’ont pas réussi à présenter des dossiers recevables dans les 7 circonscriptions de l’étranger de soumettre un dossier qui sera avalisé par l’Instance ?
En d’autres termes, les 400 parrainages exigés pour que tout dossier soit déclaré recevable seront-ils annulés ou au moins allégés dans le sens de la réduction du nombre des électeurs à accorder leurs parrainages par écrit et à les signer auprès des responsables autorisés à les avaliser ?
La question tire sa légitimité en partant de certaines données objectives qui commandent la prise d’une décision urgente.
Dans certaines circonscriptions à l’étranger n’ayant enregistré aucune candidature, il s’est avéré que le nombre des électeurs, donc de potentiels parraineurs, est inférieur au nombre minimum des parraineurs (les 400 signataires dont 200 femmes et 200 hommes). Il en est de même pour d’autres circonscriptions où le nombre des électeurs-parraineurs n’autorise qu’une seule opération de parrainage dans la mesure où sur 600 ou 700 électeurs, on ne peut collecter que 400 parrainages pour un premier candidat alors qu’un deuxième candidat ne pourra jamais faire autant.
Mohamed Tlili Mansri, porte-parole officiel de l’Isie, répond à la question en laissant la porte ouverte à l’éventualité d’amender le décret électoral présidentiel du 15 septembre, «dans le sens peut-être d’introduire une modification quelconque sur la disposition relative aux parrainages».
Il ne précise pas la nature de la modification qui pourrait intervenir sur le décret indiqué. Toutefois, il laisse la porte ouverte à toutes les attentes et à toutes les spéculations, balisant la voie intentionnellement ou par inadvertance au déclenchement d’une nouvelle polémique sur la possibilité de l’amendement du décret électoral, une fois que la pratique a montré réellement ses limites.